Nicolas Claux est un entrepreneur et un artiste très renommé, en particulier parmi les amateurs de crime.
Ses peintures de tueurs en série et de scènes de crime sont très appréciées et demandées.
Sa notoriété est principalement due à son passé macabre auquel nous avons consacré un long article.
Nico a accepté de répondre à certaines curiosités avec une extrême gentillesse et la disponibilité en nous accordant l’interview suivante.
Nicolas, comme tu le sais déjà, cette interview sera intégrée à un article qui t’es consacré afin de faire connaître ton histoire, ta marque et tes activités d’artiste et d’écrivain à nos lecteurs.
Nico, de ton propre aveu, nous savons que depuis ton plus jeune âge tu éprouves une attirance morbide pour la mort : tu as erré dans des cimetières, tu as profané des tombes et tu as réussi à soustraire et à conserver des crânes et des ossements. Comment penses-tu que ton obsession pour le macabre a commencé ?
J’ai toujours été attiré par les scènes de cimetière dans les films d’horreur quand j’étais petit. Je me souviens avoir été fasciné par la diffusion de la bande annonce du film Phantasm à la télévision, des années avant l’avoir vu en cassette vidéo. Quand mon grand-père est mort quand j’avais dix ans, j’étais très impressionné en le voyant dans le cercueil et par l’atmosphère de la morgue. Je savais que je voulais faire ce métier plus tard, à l’âge où les enfants rêvent d’être cosmonautes ou pompiers.
Tu as rejoint l’armée à dix-huit ans et à ton retour tu as postulé pour travailler dans les morgues. Ton travail consistait à aider aux autopsies, à recoudre les corps et à les préparer pour les cérémonies catholiques. C’est à l’hôpital que tu as commencé à commettre des actes de cannibalisme et de vampirisme. Pourrais-tu expliquer ce qui te poussait à le faire et ce que tu ressentais ?
C’est une escalade sur plusieurs années. A douze ans je fantasmais déjà de tuer mes camarades de classe avec un marteau ou un couteau. A quinze ans j’ai commencé à visiter seul des cimetières à Lisbonne, puis à Paris. A seize ans j’ai commencé à boire mon sang et celui de mes copines. A dix sept ans je suis rentré pour la première fois par effraction dans une crypte pour m’assoir en silence devant les caveaux, à la lumière d’une bougie. Un an plus tard, j’ouvrais mes premiers cercueils et volait mes premiers crânes. A 21 ans, j’ai commis les premiers actes de cannibalisme à la morgue de l’hopital Saint Joseph à Paris. A 22 ans j’ai commencé activement à chercher à tuer quelqu’un. A chaque fois j’ai passé une étape supplémentaire pour satisfaire mes pulsions criminelles. Je parle de tout ça dans ma biographie The Gospel of Blood, c’était une descente progressive vers le crime.
Au-delà des pulsions compulsives, je suis convaincu qu’il y a une part – difficilement quantifiable – d’émulation dans les choses que l’on fait. Je veux dire qu’il est par exemple évident que Ted Bundy a été influencé par les actions de Harvey Glatman… Dirais-tu que l’affaire médiatique suscitée par l’arrestation de Jeffrey Dahmer en 1991 a pu, en quelque sorte, « inspirer » tes actions criminelles ?
Dahmer a été arrêté en 91, quand j’avais 19 ans, et déjà j’avais caché dans la cave de mes parents plusieurs crânes et ossements. Donc effectivement je me sentais intrigué par son affaire et en particulier par l’ « autel » qu’il voulait créer, mais j’avais déjà commis des vols de sépulture depuis deux ans et bu du sang aussi avant son affaire. Mais bien avant Dahmer, j’étais fasciné par l’histoire du sergent Bertrand, un « vrai vampire » qui avait déterré plusieurs cadavres au cimetière Montparnasse à Paris à la fin du XIX eme siècle. Il mutilait les corps et emportait les têtes. Plus que Dahmer, c’est ce criminel qui m’a inspiré sur certains aspects de mes crimes. Ed Gein, aussi, et Ramirez, mais mon cocktail criminel était unique car je travaillais dans une morgue, et donc il était plus facile pour moi de faire ce que je voulais.
Nico, tu as purgé une peine pour meurtre et pour des délits mineurs liés à tes pulsions; aujourd’hui, tu es un homme libre. Ta réinsertion sociale a-t-elle été difficile?
C’est très difficile quand la presse te désigne comme un monstre, il n’y a absolument aucune réinsertion possible. J’ai dû utiliser de faux papiers pour retravailler dans des morgues, et même avec ces faux documents, des gens m’ont reconnu et j’ai été licencié plusieurs fois à cause de mon passé. Je ne peux pas effectuer un travail « normal » dans une entreprise ou au contact d’autres salariés car j’ai un seuil de tolérance extrêmement faible envers les gens « normaux » et très vite, je peux devenir très violent contre ceux qui m’énervent (j’ai voulu tuer plusieurs collègues de travail dans les morgues où j’ai travaillé par le passé) donc il vaut mieux pour tout le monde que je travaille seul. C’est ce que je fais depuis trois ans après avoir fondé ma maison d’édition et online shop Serial Pleasures, et je gagne beaucoup mieux ma vie maintenant, sans sortir de chez moi. J’ai compris depuis très longtemps que malgré tous mes efforts, je ne serai jamais considéré comme un être humain par la société, alors autant accepter mon statut social de monstre et gagner ma vie grâce à cette image, comme le faisait Elephant Man à Whitechapel. En plus, ma connaissance intime de la psychopathologie criminelle me donne une légitimité unique pour écrire et publier des livres de criminologie, et les fans de true crime apprécient beaucoup ma perspective organique.
Il y a de nombreuses années, tu as fondé la marque Serial Pleasures, mais tu es également artiste, écrivain et éditeur. Quelle influence a donc encore en toi le côté obscur qui t’a notamment conduit à être le « vampire de Paris » ? Ressens-tu toujours les mêmes envies ?
Je suis exactement la même personne qu’en 1994, quand j’ai été arrêté. La différence, c’est que je maîtrise mieux mes démons. J’accepte leur existence dans mon esprit et je sais comment apaiser leur soif de sang, en regardant des vidéos d’autopsie, en peignant des serial killers ou en écrivant sur Bundy ou BTK. Parfois des jeunes désorientés par leurs envies meurtrières me contactent pour me demander de l’aide sur comment gérer leurs pulsions et je tente de les aider. Parfois ça marche, des fois non. Il m’est arrivé que j’apprenne l’arrestation pour un ou plusieurs homicides d’une personne qui m’a demandé conseil. C’est une grosse responsabilité.
Parlons des tueurs en série comme Kemper ou Dahmer : penses-tu qu’il est juste que le système pénal américain (et européen) n’ait pas reconnu leur maladie mentale ? Personnellement, je crois que le contexte psychiatrique est peu pris en compte dans les prétoires lorsqu’il s’agit de meurtres odieux comme ceux de, par exemple, Dennis Nilsen… es-tu d’accord ?
Je pense que les psychiatres ne savent pas quoi faire de personnes telles que Dahmer ou Nilsen. J’ai publié chez Serial Pleasures les rapports d’expertise psychiatriques de Dahmer. Il répond très franchement à leur question et l’on sent à leur réaction qu’ils ne savent pas quoi dire. Cela les dépasse totalement. Il existe un point de non retour dans le psychisme humain, quand la vie humaine n’a plus aucune valeur. Dans 90% des cas, chez les serial killers, il n’y a aucun retour en arrière possible après le deuxième meurtre. On ne ressent absolument aucune empathie et l’on oublie même les visages des gens qu’on tue ou qu’on essaie de tuer. Les gens autour de vous deviennent comme des fantômes. La seule chose qui est réelle, c’est votre reflet dans le miroir. Il n’y a aucune thérapie pour ça.
En avril dernier, tu as inauguré l’exposition Serial Killers à Milan, et tu y as apporté divers souvenirs originaux ayant appartenu à des individus du calibre d’Armin Meiwes, Aileen Wuornos et Richard Ramirez – des objets appartenant à Serial Pleasure. Prévois-tu de revenir à Serial Killers Exhibition avant le 2 juillet, dernier jour pour visiter l’exposition ?
L’objet le plus impressionnant que j’ai apporté est le frigo d’Armin. J’avais commencé une entreprise de sauvetage des affaires d’Armin en 2020, la première fois ou j’y suis allé, après avoir vu que la maison risquait de bruler (fortes odeurs de pétrole dans la cave). Je suis content d’avoir pu sauver son freezer et autres objets de la salle à manger, la cuisine et la salle d’abattage avant l’incendie qui l’a détruit en 2023.
Je suis aussi très reconnaissant à Venice Exhibition de m’avoir invité à prendre part dans l’aventure Serial Killer exhibition. J’ai une grande affinité avec l’Italie, qui pour moi est une des plus belles destinations pour le Dark Tourism (cimetières monumentaux, musées de cire anatomique, ossuaires, lieux des meurtres d’Il mostro etc) et je suis très heureux que c’est à Milan que la toute première exposition au monde de murderabilia ait eu lieu. J’espère revenir pour les derniers jours à Milan, en juillet 2023, et pour l’inauguration des expos suivantes, peut-être à Rome ou d’autres villes européennes. J’ai déjà participé à d’autres expos de ce type aux USA mais celle en Italie est beaucoup plus professionnelle et impressionnante, grâce à mon ami le collectionneur Roberto Paparella à qui appartiennent la plupart de ces lettres, dessins et objets. Et je suis aussi content qu’ils m’aient laissé vendre mes livres et cartes postales dans leur shop !
Souhaites-tu ajouter quelque chose à cette interview ? Veux-tu nous faire part de tes projets futurs?
Je suis en train de travailler sur une dizaine de livres en même temps (serial killers russes, livre de la fille de Shawcross, lettres de Ramirez etc) mais je suis très fier de mon dernier livre, Staring at Death : The Skulls. C’est un livre de photos qui rassemble mes clichés pris dans les catacombes de Paris, en Allemagne et en Italie, mais aussi des photos de collectionneurs privés connus mondialement. Je suis très satisfait de la qualité photographique de ce livre, il est magnifique et plaira à tous ceux et celles qui sont fascinés par les crânes humains.
Nicolas, merci pour ton temps !
Merci à vous !
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